Au Québec 26% des jeunes n’ont
pas de diplôme ou de qualification secondaire à l’âge de 20 ans. 32% chez les
garçons. En France on parle de 140 000 jeunes… 1 jeune sur 5 (plutôt sur
4) se retrouverait dans la vie active sans qualification diplômante supérieure
au brevet. On s’en est préoccupé sans mettre en place une stratégie de
dépistage et de remédiation qui prenne le problème à sa source.
Le décrochage coûte cher :
chômage, délinquance, drogue, alcoolisme…. Le décrochage représente un manque à
gagner de plusieurs milliards pour l’état !
Les prédicteurs sont
nombreux : la misère, le milieu, les familles recomposées, des parents peu
diplômé et déjà décrocheurs qui ne valorisent pas l’école. Toutefois, l’immigration
n’est pas un facteur de décrochage. D’autres élèves qui se retrouvent pourtant
dans des contextes favorables vont décrocher : tous ceux qui sont soumis à
des désordres somatiques et à des troubles. Mais PISA le montre hélas, l’école
renforce l’impact de l’inégalité sociale au lieu de l’équilibrer. Dans notre
monde de l’argent roi que nos dirigeants se persuadent enfin que la prise en
charge de ces élèves en grande difficulté est une source d’économie considérable…
qui pourrait effacer le coût annuel de la dette !
Un décrocheur -on parle d’un
jeune ayant quitté l’école- n’est le plus souvent qu’un enfant qui a déjà
décroché scolairement au niveau du nœud du CP/CE1 et/ou de la 6e. Le
retard scolaire est un signe prédictif évident.
Une des dernières recherches
au Québec distingues 4 groupes de décrocheurs : Les discrets, les
désengagés, les sous performants et les inadaptés.
Les discrets représentent 40%
des décrocheurs : Ce sont des élèves qui ont un niveau scolaire
acceptable, qui ne présentent pas de soucis de discipline, qui ne sont pas en
situation d’échec et ne sont pas présentés comme risquant décrocher. Les
Désengagés ont un rendement scolaire moyen et présentent peu de problèmes de
discipline, ils se caractérisent par la faiblesse de leur engagement face à
l’école (10%). Les sous-performants ont peu de problèmes comportementaux mais
ont un rendement scolaire faible (10%) Les décrocheurs Enfin, les inadaptés ont un rendement scolaire
faible et un haut degré d’indiscipline (40%)
L’abandon des études apparaît
comme la solution la plus rationnelle pour mettre fin à un sentiment
d’incompétence qui engendre des affects négatifs (frustration, colère,
tristesse, ennui). L’abandon est une procédure de sauvegarde : convaincu
qu’il est nul et que le système ne peut l’aider, la psychologie comportementale
nous montre qu’on abandonne pour éviter le risque suicidaire ou dépressif, pour
le cristalliser quelquefois en un autre élément moins ravageur pour la
personne : la haine…
On peut s’interroger sur les
40% de discrets. Ils abandonnent l’école à cause d’éléments
extrascolaires : maternité, besoin économique, conflit familial, miroir
aux alouettes (je pense à certains de mes élèves qui ne rêvent que de devenir
frontaliers en Suisse comme leur père pour, sans diplôme, toucher 3 à 4 fois le
SMIC)
Dans l’étude réalisée au
Québec (ELDEQ) mais qui peut se rapporter à la France, 15% des élèves de 12 ans
sont à risque de décrochage scolaire et la moitié (8% de la classe d’âge) ne
présentent que peu ou pas de problèmes de discipline) Toutefois, ce qui
traverse l’ensemble de ces élèves, c’est qu’une grande partie des décrocheurs
appartiennent à des familles aux revenus inférieurs. Hugo serait désolé de
constater qu’aujourd’hui encore, la misère forge toujours ses chaînes.
On doit s’arrêter et
distinguer les enfants à risque avec indiscipline et ceux à risque sans
indiscipline. L’échec scolaire dès la maternelle se caractérise souvent par une
indiscipline qui est signalée aux parents et qui devient pour eux prégnante, ce
qui les conduit à être moins vigilants à propos de la réussite scolaire. Tant
qu’il est gentil ! Persuadons-nous que le processus de désengagement prend
naissance en primaire et retenons que
les élèves de 12 ans à risque de
décrochage scolaire au secondaire se
distinguent des autres élèves, par une perception de soi plus négative comme
élève, davantage de problèmes d’attention, la nécessité d’un soutien scolaire
parental accru et par une tendance à un
plus faible altruisme.
Une fois que tout cela a été dit… il ne reste plus qu’à
faire disparaître la misère pour solutionner ce problème ou essayer –avec
modestie, bienveillance et empathie- de
compenser ces injustices.
C Blaya, Décrochages scolaires. L'école en difficulté,
de Boeck, Bruxelles, 2010.
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