Le Dr Pouet dans Concept de bientraitance à propos des
dys. (nov. 2010) revient sur la maltraitance adulte dont les dys sont
victimes. Le non-respect du projet thérapeutique par certains enseignants entre
dans la catégorie des violences psychiques et des négligences passives
« bonne volonté, louable en soi, ne suffit pas. Elle débouche sur la mise
en œuvre de solutions de bon sens qui ne marchent pas (plus lire pour mieux
lire, plus écrire pour mieux écrire, rabâcher pour mémoriser […] PPS ou PAI ont
force de LOI. Cette négligence passive peut être dénoncée par quiconque en
étant définie comme une maltraitance.»
C’est l’empathie qui conduit à la bienveillance. Voici quelques
invariants qui épouseraient une démarche bienveillante pour l’ensemble des
collègues :
A. Dans la situation classe, il faut bannir la
distractibilité, placer le dys. au centre de la classe pour éviter les
réverbérations, expliquer à tous les mesures adaptées : photocopies
spécifiques, notation à l’oral, exercices non faits ou particuliers (à trous,
raccourcis…), ordinateur portable…
B. Se forcer à toujours lire à voix haute ce qu’on écrit.
Toujours demander aux dys de reformuler les consignes. Evitez dans les
consignes les subordinations. Utiliser une police Arial 12 avec un interlignage
d’1,5. Utiliser un code couleur identique.
C. Ne pas noter l’orthographe mais travailler avec des %
de réussite ! Fixer le plus rapidement possible les 900 mots du vocabulaire de
base. Laisser ce tableau de mots à disposition. Dans les consignes écrites
préférez le futur aux autres temps (pas d’impératif) et ainsi toujours marquer
le rapport sujet > verbe.
D. Utiliser le cahier de texte numérique. Donner son
téléphone et son e-mail aux parents et à
l’enfant. Ne pas hésiter à alléger la tâche (mémorisation). Utiliser le
1/3 temps ou le contrôle allégé et hiérarchisé.
E. Faire de l’apprentissage un jeu, un challenge… Marquer
les réussites.
F. Construire des groupes de réussite et lancer des défis
(lecture, orthographe, théâtre…) Valoriser la solidarité t le travail
coopératif.
G. Utiliser le cahier carbone pour les dys et les
scripteurs lents.
Pour aller dans le domaine des généralités lisez La
fabrique de la défiance… et comment s’en sortir, (Algan, Cahuc et
Zylberberg, Albin Michel, 2013)
Les auteurs démontrent comment l’amélioration de la
qualité de vie ne s’est pas accompagnée en France d’une amélioration du
sentiment de bien-être. Bien au contraire le Français reste le champion des
consommateurs d’anxiolytiques, nos élèves sont les plus angoissés. En fait, le
bien être dépend de la qualité du lien social. Nous souffrons d’un manque de
coopération et de réciprocité. Le fonctionnement hiérarchique et élitiste de
l’école se reproduit dans le fonctionnement de nos institutions et de nos
entreprises. Le corporatisme peut être un fléau !
C’est en
fait le cours magistral, si caractéristique de l’école française, qui a produit
une société où chacun s’enferme sur ses prérogatives et où c’est toujours la
« faute » du supérieur ou du subordonné. Quel malheur pour notre pays
que la pédagogie Freinet de la coopération, du vivre ensemble, du goût de la
recherche, ne se soit pas imposée à tous !
Retenons aussi, pour élargir le débat, quelques
propositions de l’Observatoire déontologique de
l’enseignement :
Le dossier scolaire ne doit pas transformer le passé en
passif. Croyons en l’effet Pygmalion ! Il faut neutraliser les archaïsmes
de l’évaluation en luttant contre le constate macabre (voir Antibi). Supprimons
le Conseil de classe bilan pour en faire un lieu de définition de PPRE. Créons
de l’alternance pour laisser les élèves découvrir leur voie, mais que cette
alternance aille aussi en direction de la création (musique, sport…) et de
l’ouverture aux autres (associations, action sociale).Luttons contre ces
filières où les élèves sont regroupés par origine. L’école poursuivant le
concept social construit et nourrit le racisme.
L’école a besoin de
retrouver une sérénité qui toujours en France
a été contrariée par ses ministres qui
veulent imposer leur marque. Supprimons les hautes sphères du
ministère pendant 10 ans et n’appliquons que des décrets qui font
consensus. Établissons des procédures de repérage du déficit de
bienveillance : tout projet d’établissement devrait comprendre un axe
fixant des objectifs sur la qualité de vie des élèves et permettre aux élèves
eux-mêmes d’évaluer le niveau de bienveillance à leur égard. Les équipements
sont souvent une vraie honte : quel adulte accepterait d’entrer dans
certaines toilettes pour élèves ! Que dire de ces salles prévues pour 20
où s’agglutinent plus de 30 élèves. On étouffe ! Il faut lutter aussi
contre l’hypertrophie de la parole de l’adulte « fonctionnaire » qui
fonctionne en opposition à celle des élèves et de leurs parents. Les
enseignants garantissent-ils une instruction authentique ? Certains n’ont
pas reçu la moindre formation depuis des années et d’autres poursuivent encore
des méthodes dolosives sans se remettre en cause. De l’empathie et de la
bienveillance !
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