samedi 23 mars 2013

Empathie, bienveillance et éthique du care.




Le Dr Pouet dans Concept de bientraitance à propos des dys. (nov. 2010) revient sur la maltraitance adulte dont les dys sont victimes. Le non-respect du projet thérapeutique par certains enseignants entre dans la catégorie des violences psychiques et des négligences passives « bonne volonté, louable en soi, ne suffit pas. Elle débouche sur la mise en œuvre de solutions de bon sens qui ne marchent pas (plus lire pour mieux lire, plus écrire pour mieux écrire, rabâcher pour mémoriser […] PPS ou PAI ont force de LOI. Cette négligence passive peut être dénoncée par quiconque en étant définie comme une maltraitance.»
C’est l’empathie qui conduit à la bienveillance. Voici quelques invariants qui épouseraient une démarche bienveillante pour l’ensemble des collègues :
A. Dans la situation classe, il faut bannir la distractibilité, placer le dys. au centre de la classe pour éviter les réverbérations, expliquer à tous les mesures adaptées : photocopies spécifiques, notation à l’oral, exercices non faits ou particuliers (à trous, raccourcis…), ordinateur portable…
B. Se forcer à toujours lire à voix haute ce qu’on écrit. Toujours demander aux dys de reformuler les consignes. Evitez dans les consignes les subordinations. Utiliser une police Arial 12 avec un interlignage d’1,5. Utiliser un code couleur identique.
C. Ne pas noter l’orthographe mais travailler avec des % de réussite ! Fixer le plus rapidement possible les 900 mots du vocabulaire de base. Laisser ce tableau de mots à disposition. Dans les consignes écrites préférez le futur aux autres temps (pas d’impératif) et ainsi toujours marquer le rapport sujet > verbe.
D. Utiliser le cahier de texte numérique. Donner son téléphone et son e-mail aux parents et à  l’enfant. Ne pas hésiter à alléger la tâche (mémorisation). Utiliser le 1/3 temps ou le contrôle allégé et hiérarchisé.
E. Faire de l’apprentissage un jeu, un challenge… Marquer les réussites.
F. Construire des groupes de réussite et lancer des défis (lecture, orthographe, théâtre…) Valoriser la solidarité t le travail coopératif.
G. Utiliser le cahier carbone pour les dys et les scripteurs lents.

Pour aller dans le domaine des généralités lisez La fabrique de la défiance… et comment s’en sortir, (Algan, Cahuc et Zylberberg,  Albin Michel, 2013)
Les auteurs démontrent comment l’amélioration de la qualité de vie ne s’est pas accompagnée en France d’une amélioration du sentiment de bien-être. Bien au contraire le Français reste le champion des consommateurs d’anxiolytiques, nos élèves sont les plus angoissés. En fait, le bien être dépend de la qualité du lien social. Nous souffrons d’un manque de coopération et de réciprocité. Le fonctionnement hiérarchique et élitiste de l’école se reproduit dans le fonctionnement de nos institutions et de nos entreprises. Le corporatisme peut être un fléau !
C’est en fait le cours magistral, si caractéristique de l’école française, qui a produit une société où chacun s’enferme sur ses prérogatives et où c’est toujours la « faute » du supérieur ou du subordonné. Quel malheur pour notre pays que la pédagogie Freinet de la coopération, du vivre ensemble, du goût de la recherche, ne se soit pas imposée à tous !

Retenons aussi, pour élargir le débat, quelques propositions  de l’Observatoire déontologique de l’enseignement :
Le dossier scolaire ne doit pas transformer le passé en passif. Croyons en l’effet Pygmalion ! Il faut neutraliser les archaïsmes de l’évaluation en luttant contre le constate macabre (voir Antibi). Supprimons le Conseil de classe bilan pour en faire un lieu de définition de PPRE. Créons de l’alternance pour laisser les élèves découvrir leur voie, mais que cette alternance aille aussi en direction de la création (musique, sport…) et de l’ouverture aux autres (associations, action sociale).Luttons contre ces filières où les élèves sont regroupés par origine. L’école poursuivant le concept social construit et nourrit le racisme.
L’école a besoin de retrouver une sérénité qui toujours en France  a été contrariée par ses ministres qui  veulent imposer leur marque. Supprimons les hautes  sphères du  ministère pendant 10 ans et n’appliquons que des décrets qui font consensus. Établissons des procédures de repérage du déficit de bienveillance : tout projet d’établissement devrait comprendre un axe fixant des objectifs sur la qualité de vie des élèves et permettre aux élèves eux-mêmes d’évaluer le niveau de bienveillance à leur égard. Les équipements sont souvent une vraie honte : quel adulte accepterait d’entrer dans certaines toilettes pour élèves ! Que dire de ces salles prévues pour 20 où s’agglutinent plus de 30 élèves. On étouffe ! Il faut lutter aussi contre l’hypertrophie de la parole de l’adulte « fonctionnaire » qui fonctionne en opposition à celle des élèves et de leurs parents. Les enseignants garantissent-ils une instruction authentique ? Certains n’ont pas reçu la moindre formation depuis des années et d’autres poursuivent encore des méthodes dolosives sans se remettre en cause. De l’empathie et de la bienveillance !

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