Dans notre Académie de Besançon, j’invite toujours mes
collègues stagiaires à suivre le stage du PAF « pratiques du théâtre en
classe entière » et à lire Coups de théâtre en classe entière de
Chantal Dulibine et Pascal Grosjean (SCEREN, 2004). Je les invite aussi à
retourner au cirque ou plutôt à introduite le cirque au collège. C’est
essentiel ! Les conclusions du Dr Quercia et des chercheurs sur lesquels
il s’appuie, mais je pense aussi à la démarche autour du corps et du groupe de
l’orthophoniste Béatrice Sauvageot, montrent
combien les dys n’ont pas seulement des « mots tordus » mais
aussi « un corps tordus ». Pour me situer dans le domaine de notre
didactique, nous avons souvent devant nous un public de kinesthésiques
contrariés. Ce qui explique que –en dehors de ceux qui sombre dans un mutisme
dépressif- une grande partie souffre de
troubles du comportement. D’autre part, il est impératif, que l’oral soit présenté comme essentiel dans le métier
d’élève et entre pour moitié dans les moyennes ! Un professeur d’anglais
qui ne tiendrait pas compte de cet impératif ne laisse aucune chance à un dys
de survivre à cette langue.
Pour revenir au théâtre –et je suis en cela les
directives-, il est impossible de poursuivre sa simple étude littéraire :
le théâtre n’est pas que de la littérature, mais un écrit de communication et
de communion avant tout. Renvoyer la pratique du théâtre en dehors de la
classe, dans des ateliers ou des clubs, c’est priver souvent, les élèves qui
devraient s’en nourrir, de ce tuteur essentiel à leur réussite. Ne lisez plus
le théâtre ! Osez le théâtre en classe pour tous les élèves ! Restez
dans votre salle, placez les élèves en cercle tout autour et commencez par des
exercices qui les feront bien rire et puis avancez, avec tous, dans la
découverte des techniques : travaillez l’adresse (le regard), la posture
et les déplacements, le rythme et le
volume de la voix, l’état et les sensations, les entrées et les sorties… ne
craignez pas le joyeux charivari qui très vite se calmera, car chacun est placé
en vis-à-vis des autres et ce n’est pas si facile.
Vous verrez combien les élèves quand ils seront
confrontés au Prologue de l’Antigone d’Anouilh ou à la mise en chair de
la Farce de Maître Pathelin trouveront leur part. Si vous n’hésitez pas au travail en groupes vous pourrez leur faire
découvrir le théâtre d’ombres ou le théâtre de marionnettes de papier… pour
qu’ils puissent saisir toute la problématique de la mise en théâtre. Quel bonheur ! Vous pouvez aussi faire
appel à nos pauvres intermittents du spectacle qui seront heureux de collaborer
dans le cadre d’un atelier qui concernera toute la classe. Le théâtre c’est
obligatoire ! Mais du vrai théâtre ! Enfin, et je pense ici aux dys
pour qui c’est vraiment si profitable, en particulier en 6e et 5e,
pensez au cirque en collaboration avec les professeurs d’EPS. L’école du cirque
devrait être utilisée par tous les dys pour les aider à retrouver leur
équilibre. La difficulté scolaire est bien une question de déséquilibre, car la
perte de confiance est une perte d’équilibre et trouver l’équilibre du corps,
c’est retrouver celui de l’esprit. Ne nous contentons pas de jouer avec des
mots, jonglons avec des balles !
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