Il me souvient d’un temps, collégien au virage de 1968,
où je n’ai pas souvenir d’avoir lu vraiment avant la 3e si ce n’est
quelques bandes dessinées italiennes d’Akim à Blek le rock au primaire, puis
les aventures romanesques du Bob Morane d’Henry Vernes à l’entrée au collège.
Quelle passion toutefois pour ces héros ! Enfants d’ouvriers, élèves
médiocres, dans ces temps sans télévision pour nous, nous échangions ces écrits
si chèrement acquis et, sans doute, si dans nos familles avaient trainé
quelques bourgeois lecteurs, aurions-nous été vilipendés et notre littérature
de mauvais papier jetée au feu.
Lorsqu’en 3e, j’entrais enfin en littérature
par la grâce d’une professeure de français,
pour l’amour du théâtre et de la poésie que je découvrais alors, je crois que
je dois ce bonheur au fait qu’auparavant on m’ait laissé libre de lire ce que
je voulais, sans commentaire et sans mépris. Quand Daniel Pennac définit son
affiche sur « les 10 droits du lecteur » bien avant de publier
« Chagrin d’école » où il nous conte ses mésaventures de pauvre
dyslexique, on comprend… on comprend alors combien, pour tous les enfants –et
les adultes- en mal de lecture, c’est le regard des adultes, le discours des
médias, l’air ambiant d’une l’école transpirant sa fatuité qui lui interdit la
lecture. Est-ce à dire comme le prétend André Gunthert que « Dans cette histoire, avant de devenir
la victime du désintérêt des élèves, le livre est d'abord celle de l'inconséquence
des maîtres. »
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