samedi 23 mars 2013

Les droits du lecteur




Il me souvient d’un temps, collégien au virage de 1968, où je n’ai pas souvenir d’avoir lu vraiment avant la 3e si ce n’est quelques bandes dessinées italiennes d’Akim à Blek le rock au primaire, puis les aventures romanesques du Bob Morane d’Henry Vernes à l’entrée au collège. Quelle passion toutefois pour ces héros ! Enfants d’ouvriers, élèves médiocres, dans ces temps sans télévision pour nous, nous échangions ces écrits si chèrement acquis et, sans doute, si dans nos familles avaient trainé quelques bourgeois lecteurs, aurions-nous été vilipendés et notre littérature de mauvais papier jetée au feu.
Lorsqu’en 3e, j’entrais enfin en littérature par la grâce d’une professeure  de français, pour l’amour du théâtre et de la poésie que je découvrais alors, je crois que je dois ce bonheur au fait qu’auparavant on m’ait laissé libre de lire ce que je voulais, sans commentaire et sans mépris. Quand Daniel Pennac définit son affiche sur « les 10 droits du lecteur » bien avant de publier « Chagrin d’école » où il nous conte ses mésaventures de pauvre dyslexique, on comprend… on comprend alors combien, pour tous les enfants –et les adultes- en mal de lecture, c’est le regard des adultes, le discours des médias, l’air ambiant d’une l’école transpirant sa fatuité qui lui interdit la lecture. Est-ce à dire comme le prétend André Gunthert que  « Dans cette histoire, avant de devenir la victime du désintérêt des élèves, le livre est d'abord celle de l'inconséquence des maîtres. » 

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