Les psycholinguistes diront
que « la langue préexiste au discours. Nous sommes habités par la
langue de façon permanente et les discours que nous expulsons ne sont que les
éphémères manifestations de cette occupation silencieuse ».
Pour Béatrice Sauvageot et le
Dr Metelius qui parlent de « bilexie », il n’y a que 2 % de
véritables dys (dont la langue, le moteur, est spécifique); les autres, les
bilexiques, ne dysfonctionnent pas mais ont du mal à mettre en adéquation
leur langage interne (la langue) et le langage outil (le discours) : 2 lexiques
! Ils sont toujours en train de traduire, d’où cette surcharge cognitive qui
nuit à leur réussite.
Les linguistes s’interrogent
sur la littératie (-cie) : ces nœuds d’entrée dans l’apprentissage de la
lecture. Ils ont démontré que la lecture était le meilleur mode d’appropriation
de la langue orale et que l’écriture est le meilleur mode d’appropriation de la
lecture.
Le cerveau travaille plus pour
la compréhension orale que pour lire un texte. L’écriture est le premier moteur
de paresse inventé par l’homme. On pourrait même ajouter que l’écriture a été
un facteur d’appauvrissement du discours. Pourrait-on dire que c’est l’oralité
transmise sur des siècles qui fit d’une guéguerre du côté de Troie une épopée
fastueuse que d’un seul coup Homère a figé dans l’encre.
Comment dit-on, lit-on, écrit-on ? Deux voies de lecture sont
utilisées en continu.
La voie directe (ou
d’adressage ou lexicale) pour le mot
connu. Il est récupéré dans la mémoire à long terme tel quel avec ses marques orthographique /bateau/, sémantique /embarcation qui flotte/, phonologique/b/a/t/o/, morphosyntaxique/nom +x/. Il passe ensuite dans le
buffer de la mémoire de travail qui va le restituer ?
La voie indirecte (assemblage,
phonologique) concerne les mots inconnus (non accessibles dans la mémoire à
long terme). Pour un mot lu, il est
décomposé en graphèmes /b/a/t/eau,
chaque graphème est converti en phonème /b/a/t/o
avant que la mémoire de travail ne le restitue. On s’aperçoit que la
restitution est plus pauvre (il manque la sémantique et la morphosyntaxe) Les
dernières recherches montreraient qu’il existerait aussi un passage obligatoire
par la syllabe. Cela viendra-t-il conforter les tenants de la méthode
syllabique ? Des recherches très
récentes ont montré aussi combien une conscience morphosyntaxique déficiente
(percevoir qu’un mot est un nom ou un verbe ou plutôt ce qui fait d’un mot un
verbe ou un nom) pouvait expliquer les difficultés de certains élèves. Il est vrai que peut-être le temps, depuis
quelques années n’est plus à la grammaire. Souvenons-nous : en français
nous avons 36 phonèmes pour 190
graphèmes (on peut écrire le son /o/ de 34 manières différentes !), en
anglais 40 phonèmes pour 1120 graphèmes et presque autant de phonèmes que de graphèmes
en italien, langue très transparente
La dyslexie est un trouble
spécifique du langage écrit où une des deux voies de lecture (ou les deux) est
atteinte : dyslexie phonologique = 60 %, dyslexie de surface (directe) =
10 %, dyslexie mixte = 30 %
Un bilan orthophonique permettra de situer le type de
dyslexie (pour adapter la remédiation chez l’orthophoniste), l’âge lexical (il
faut en France deux ans de retard en lecture pour parler dyslexie d’où une
évaluation trop tardive en début CE2. Alors qu’on peut identifier les dys. en
fin de maternelle et qu’on pourrait leur offrir un apprentissage du lire/écrire
adapté en CP et CE1). L’évaluation est réalisée par l’orthophoniste, le médecin
scolaire ou le neuropsychologue. En cas de troubles sévère on s’adressera au Centre
du Langage (CHU de la région).
Combien de dys. nous arrivent
en 6e sans avoir été détectés parce qu’ils ne présentent pas une
pathologie sévère ! Ils sont pourtant en souffrance !
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