samedi 23 mars 2013

Discours sur la maîtrise de la langue



Les psycholinguistes diront que « la langue préexiste au discours. Nous sommes habités par la langue de façon permanente et les discours que nous expulsons ne sont que les éphémères manifestations de cette occupation silencieuse ».
Pour Béatrice Sauvageot et le Dr Metelius qui parlent de « bilexie », il n’y a que 2 % de véritables dys (dont la langue, le moteur, est spécifique); les autres, les bilexiques, ne dysfonctionnent pas mais ont du mal à mettre en adéquation leur langage interne (la langue) et le langage outil (le discours) : 2 lexiques ! Ils sont toujours en train de traduire, d’où cette surcharge cognitive qui nuit à leur réussite.
Les linguistes s’interrogent sur la littératie (-cie) : ces nœuds d’entrée dans l’apprentissage de la lecture. Ils ont démontré que la lecture était le meilleur mode d’appropriation de la langue orale et que l’écriture est le meilleur mode d’appropriation de la lecture.
Le cerveau travaille plus pour la compréhension orale que pour lire un texte. L’écriture est le premier moteur de paresse inventé par l’homme. On pourrait même ajouter que l’écriture a été un facteur d’appauvrissement du discours. Pourrait-on dire que c’est l’oralité transmise sur des siècles qui fit d’une guéguerre du côté de Troie une épopée fastueuse que d’un seul coup Homère a figé dans l’encre.
Comment dit-on, lit-on, écrit-on ? Deux voies de lecture sont utilisées en continu.
La voie directe (ou d’adressage ou  lexicale) pour le mot connu. Il est récupéré dans la mémoire à long terme tel quel avec  ses marques orthographique /bateau/, sémantique /embarcation qui flotte/, phonologique/b/a/t/o/, morphosyntaxique/nom +x/. Il passe ensuite dans le buffer de la mémoire de travail qui va le restituer ?
La voie indirecte (assemblage, phonologique) concerne les mots inconnus (non accessibles dans la mémoire à long terme).  Pour un mot lu, il est décomposé en graphèmes /b/a/t/eau, chaque graphème est converti en phonème /b/a/t/o avant que la mémoire de travail ne le restitue. On s’aperçoit que la restitution est plus pauvre (il manque la sémantique et la morphosyntaxe) Les dernières recherches montreraient qu’il existerait aussi un passage obligatoire par la syllabe. Cela viendra-t-il conforter les tenants de la méthode syllabique ?  Des recherches très récentes ont montré aussi combien une conscience morphosyntaxique déficiente (percevoir qu’un mot est un nom ou un verbe ou plutôt ce qui fait d’un mot un verbe ou un nom) pouvait expliquer les difficultés de certains élèves.  Il est vrai que peut-être le temps, depuis quelques années n’est plus à la grammaire. Souvenons-nous : en français nous avons  36 phonèmes pour 190 graphèmes (on peut écrire le son /o/ de 34 manières différentes !), en anglais 40 phonèmes pour 1120 graphèmes et presque autant de phonèmes que de graphèmes en italien, langue très transparente
La dyslexie est un trouble spécifique du langage écrit où une des deux voies de lecture (ou les deux) est atteinte : dyslexie phonologique = 60 %, dyslexie de surface (directe) = 10 %, dyslexie mixte = 30 % 
Un bilan orthophonique permettra de situer le type de dyslexie (pour adapter la remédiation chez l’orthophoniste), l’âge lexical (il faut en France deux ans de retard en lecture pour parler dyslexie d’où une évaluation trop tardive en début CE2. Alors qu’on peut identifier les dys. en fin de maternelle et qu’on pourrait leur offrir un apprentissage du lire/écrire adapté en CP et CE1). L’évaluation est réalisée par l’orthophoniste, le médecin scolaire ou le neuropsychologue. En cas de troubles sévère on s’adressera au Centre du Langage (CHU de la région).
Combien de dys. nous arrivent en 6e sans avoir été détectés parce qu’ils ne présentent pas une pathologie sévère ! Ils sont pourtant en souffrance !

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