Dans le rapport Blanchon 90% des redoublements en CP et
CE1 ont une cause psy. Quand on
interroge les spécialistes de chaque trouble on obtient un total amusant
(voir tableau ci-dessous): 30% à 49% d’une classe d’âge souffriraient de troubles psychologiques. Pour être juste,
il faut reconnaître qu’on a surtout des
cumulards. On peut s’étonner toutefois. Avant nous avions des cancres,
aujourd’hui nous avons des dys. J’entends encore certains de mes collègues
crier à la supercherie… il est vrai que le cancre près du radiateur était moins
perturbant et quand il devenait perturbateur, il suffisait de l’orienter.
Toutefois passer en 10 ans du cancre qu’il faut orienter au génie échoué qu’il faut révéler,
reconnaissons que c’est difficile à
avaler. D’ailleurs la plus grande partie des enseignants et de leur hiérarchie
pense que si solution il y a, elle est pédagogique… L’Ecole est une grande
famille qui sait y faire ! C’est faux ! L’école a échoué.
Mais voilà qu’on s’aperçoit que cet échec scolaire, ces
fameux dys., ne concerne pas simplement
les zonards de banlieue ou les pauvres en général, mais que toutes les couches
sociales sont touchées et en particulier
les couches privilégiées. Dans notre Haut-Jura, un des collèges à avoir mis en
place le premier une politique d’aide aux dys. est celui des Rousses, station
de ski et lieu de vie des « riches » frontaliers qui travaillent en
Suisse. Voilà pourquoi se développe un marché extraordinaire : essayez
donc d’avoir rendez-vous chez un orthophoniste ou un psychopédagogue !
Allez-donc sur le web où dégueulent les sites de soutien scolaire, les méthodes
miracles… on va jusqu’à la création de collèges « médicalisés »
privés « spécial dys » dont les coûts sont effrayants ! Selon un
rapport de l’OCDE les perspectives de profits pour les investisseurs sur
l’éducation est de 1 à 7 contre 1 à 2 pour l’automobile. Le marché est estimé à
20 000 milliards de dollars pour le Monde.
Et pendant ce temps-là, dans les collèges de la
République, on pleure sur le niveau toujours plus lamentable des élèves.
Réfléchissons à ce que nous dit P. Mérieu « Si les plus faibles d’entre
nous ne sont plus que l’objet d’un marché économique, nous aurons perdu notre
âme. »
Toutefois, dans un article du Monde
du 6/10/2010 intitulé « Echec scolaire : le "tout pédagogique"
est voué a l'échec » inspiré des travaux de Claude Madelin-Mitjavile et
Gabriel Wahl, pédopsychiatres, fondateurs de l'ARPE (Association de recherche
pluridisciplinaire sur l'échec scolaire),
on explique « l'éducation nationale, comme toute les institutions,
ne partage pas spontanément ses privilèges d'interventions et de compétences.
Il existe une rhétorique d'exclusion très efficace pour qu'il en soit ainsi,
celle par exemple qui s'insurge contre la "médicalisation" ou la "psychiatrisation"
des difficultés scolaires. Triste logique qui laisse des enfants confrontés à
l'échec pendant des années sans qu'aucun bilan médical et psychologique ou
aucune aide spécifique ne leur soient proposés. De même, un enseignant peut
exercer son art en France sans aucune formation sur l'échec scolaire. »
C’est vrai ! Ajoutons comme éclairage inverse ce que dit
Meirieu (Libération, 9 décembre 2011)« on dérive partout,
renvoyant les élèves toujours plus
loin : de la classe vers l’aide personnalisée, puis vers l’étude dirigée,
le soutien scolaire, les cours particuliers, le psychologue et l’orthophoniste,
les filières dédiées et les établissements spécialisés, Internet et les camps
de vacances-études »
Impact des troubles psychologiques en CP… c’est
beaucoup !
TSLA (troubles spécifiques du langage)
|
5%
|
8%
|
TDAH (troubles de l’attention)
|
3%
|
6%
|
Dépression (phobie scolaire…)
|
3%
|
8%
|
Troubles cognitifs (autisme…)
|
1%
|
2%
|
Schizophrénie
|
1%
|
1%
|
Troubles du comportement
|
2%
|
9%
|
Trouble de la personnalité
|
15%
|
15%
|
% de troubles psy. dans une classe d’âge !
|
30%
|
49%
|
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